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Jij zegt het
  • Titre original Jij zegt het (Prometheus, 2015), fiction.
Connie Palmen

Connie Palmen (1955) a publié six romans et de nombreux essais, récits et nouvelles. Elle est l’un des écrivains néerlandais les plus appréciés aux Pays-Bas. Ses livres sont traduits dans de nombreux pays. Elle a reçu le AKO Literatuur Prijs pour De vriendschap (l’amitié) et le Libris Literatuur Prijs pour Ton histoire. Mon histoire. Ses livres ont été traduits en vingt langues.

Connie Palmen

Ton histoire. Mon histoire

La tragique histoire d’amour de Plath et Hughes racontée par le mari traité de monstre.

  • Traduit par Arlette Ounanian
  • Maison d’édition Actes Sud
  • Date de parution Octobre 2018

Sylvia Plath se suicide après le départ de Ted Hughes, qui l’a quittée pour une autre femme. Elle devient martyre et sainte; on le traite d’assassin et de monstre. Hughes n’a pas fait grand-chose pour contester cette version des événements. Dans ce roman, écrit sous la forme d’un monologue dramatique digne d’un grand poète, Connie Palmen permet à Hughes de donner sa version de l’histoire.

Ce n’est pas la première fois que Palmen analyse la relation complexe entre la perception publique de personnages célèbres et la véritable histoire qui se cache derrière. Son sixième roman est basé sur des faits et dresse le portrait convaincant d’un jeune couple, de leur amour dévorant l’un pour l’autre, de leurs difficultés comme poètes, de leurs liens dans la création et de leurs névroses.

Beaucoup a été écrit au sujet de Plath, bien moins a été publié sur Hughes. En dehors des cercles littéraires il est souvent réduit au rôle de « mari de ». Il a maintenu le silence qu’il s’était imposé au sujet du suicide de Plath jusque juste avant sa mort en 1998 avec la publication de Birthday Letters. Le roman de Palmen se situe à cette période et cherche à sortir Hughes de l’ombre projetée par la mort de sa femme, peut-être même à l’émanciper. Le nom de Sylvia apparaît rarement, Hughes lui-même la désigne toujours par « mon épouse ». Le livre met l’accent sur son travail, sa poésie, son amour pour sa femme et son impuissance à l’aider.

Le titre néerlandais du roman renvoie à la Cène et à Judas. Quand Jésus dit à ses apôtres que l’un d’eux le trahira, Judas proteste : « Est-ce moi Maître ? » Et Jésus répond : « Tu l’as dit ». Après la mort de Plath, nombre de féministes font de Hughes une sorte de Judas, un homme qui a cyniquement trahi et abandonné sa femme, et beaucoup de ses amis se sont détournés de lui, le blâmant pour le suicide. Dans une lettre adressée à la mère de Plath, il écrit : « je ne veux jamais être pardonné ». Palmen réussit à rendre sympathique aussi bien le mari que la femme. A la lecture de cette histoire, beaucoup seront enclins à adopter une attitude plus clémente envers Hughes.

Le plus grand mérite de Connie Palmen c’est de faire que la voix de Ted Hughes vous subjugue. Vous oubliez que cette voix est en fait celle de Palmen. C’est là que l’on réalise que l’auteur a bien fait son travail. Pure classe. Het Parool