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Wil
  • Titre original Wil (De Bezige Bij, 2016), fiction.
Jeroen Olyslaegers

Jeroen Olyslaegers (1967) écrit des chroniques, de la prose et des pièces de théâtre. Il est revenu à la littérature néerlandophone avec ses romans Wij (Nous), nominé pour le Prix Gerard Walschap et Winst (Le profit). En 2014 il a reçu le Prix Arkprijs van het Vrije Woord pour son œuvre et son engagement social et le Prix Edmond Hustinx pour son œuvre théâtrale. Trouble a reçu des critiques élogieuses et plusieurs prix prestigieux. Les droits internationaux ont été rapidement vendus à plusieurs pays.

Jeroen Olyslaegers

Trouble

Une méditation sur le mal et la culpabilité.

  • Traduit par Françoise Antoine
  • Maison d’édition Stock
  • Date de parution Janvier 2019

Wilfried Wils est très âgé, son infirmière Nicole s’occupe de lui, et pour le reste il est livré à ses souvenirs. Une fois encore il veut donner sa version de l’histoire, il revient sur sa vie au début de la Deuxième Guerre Mondiale. A ce moment-là Wilfried est auxiliaire de police à Anvers. Violence et méfiance règnent dans la ville. Wilfried a fait ce qu’il a pu pour lui-même, évitant les chemins trop glissants.

Ce n’est pas une belle histoire. En tant que policier il a un double rôle : d’un côté il vient en aide avec son futur beau-père au Juif Chaim Lizke, pour le cacher, bien qu’il soit surtout motivé par l’argent. Lode, le frère de son amie, est dans la résistance et contribue à entretenir le clandestin, tandis qu’il voue à Wilfried un amour secret. D’un autre côté, Wilfried fait aussi partie du système : quand des Juifs doivent être arrêtés, il fait son travail de policier. Les scènes que décrit Olyslaegers sont dures et impitoyables.

La littérature offre à Wilfried une échappatoire. Il a des ambitions de poète et s’inspire de l’auteur et poète flamand Paul van Ostaijen. Il fait ses premiers pas en littérature au bras d’un collaborateur, Nijdig Baardje (Barbe hargneuse) qui lui fait découvrir Rimbaud. La littérature le libère de l’étroitesse de son milieu. Ironie du sort, l’homme qui lui donne à lire les bons livres a lui-même des idées politiques répréhensibles.

Trouble est un roman courageux, ambitieux, à multiples facettes, qui n’épargne personne. Olyslaegers remet en question les limites couramment acceptées entre le bien et le mal et fait ingénieusement résonner le livre avec notre époque, avec son climat politique surchauffé et sa polarisation dans les domaines de la religion, du nationalisme et du populisme.

Wilfried est l’archétype de l’anti héro. Il est Monsieur tout le monde, n’entend rien, ne voit rien, ne dit rien, espérant juste que la tempête passe. Il n’est jamais meilleur ou pire que chacun d’entre nous. Ses petits agissements de guerre ne sont pas punis, mais, après coup, il ne peut pas prétendre qu’il ne savait rien.

Un livre acerbe sur la lâcheté que l’on appelle neutralité. De Standaard

Le meilleur roman d’Olyslaegers décrit Anvers pendant la guerre, sans nostalgie déplacée, mais avec une grande précision historique. De Tijd